Mon travail explore les rapports entre matérialité et invisible à travers les mémoires portées par les non-humains et les pratiques néo-rituelles.

Je m’inspire des mythologies ancestrales amazighes/berbères et bretonnes, des savoirs transmis par les femmes — poterie, tatouage, tissage, fresque, ethno-botanique, alimentation — et des croyances et cultures populaires contemporaines, pour révéler leurs enjeux politiques, sociaux et culturels. Ces héritages de troisième génération, que je n’ai pas vécus directement, sont reconstruits et réinventés pour réhabiliter des pratiques marginalisées et explorer une mémoire collective transculturelle.

Je travaille avec des médiums variés — peinture, sculpture, installation, dispositifs performatifs, photomontage, écriture — chacun ouvrant un passage entre visible et invisible. L’abstraction devient un espace de l’entre-deux où habiter le trouble et faire circuler des récits minoritaires hors des cadres dominants et systèmes établis. Les dispositifs engageant le corps et les sens du public (œuvres à toucher, goûter, sentir, cartels magiques) activent ces formes de l’invisible.

Mon processus, ancré dans le geste et la répétition, transforme la collecte d’objets, de matériaux glanés et d’accumulation d’archives en rituels performatifs de réappropriation et produisant de nouvelles archéologies du futur et contre-archives.

À travers mon travail, je cherche à ouvrir un espace de libération et d’émancipation — des interstices — où humains et non-humains se co-construisent et où les croyances se transforment en savoirs. La réinterprétation des mythologies ancestrales révèle des pratiques et figures marginalisées, offrant une réécriture contemporaine des imaginaires collectifs et diasporiques et contribuant à une réécrire une histoire des communs et du vivant.